L’Apple Watch était attendue sur un point : celui des performances. Kevin Lynch, qui supervise le développement de la montre connectée d’Apple, a réalisé durant le keynote de la WWDC une démonstration parlante : d’un côté, la vélocité du démarrage d’une app sous watchOS 3, de l’autre la lenteur du même lancement sous la version actuelle de watchOS.
Effectivement, la différence était parlante. Et la majorité des utilisateurs de l’Apple Watch vont continuer à subir cette mollesse au moins jusqu’à l’automne, lorsque la version finale du nouveau système d’exploitation sera disponible. En attendant, les développeurs peuvent installer la première bêta de watchOS 3.
Après avoir un peu joué avec cette nouvelle mouture du système d’exploitation, force est tout de même de constater que ces performances restent toujours en deçà de ce qu’on peut attendre d’un produit censé donner une information très rapidement, sans avoir à sortir l’iPhone de sa poche.
Plus vite
La plupart des applications tierces que nous avons pu tester demandent toujours un certain temps avant d’être parfaitement opérationnelles. Et il en va de même pour les apps d’Apple. On n’a pas ressenti la rapidité d’exécution tant vantée par Kevin Lynch, et pour cause, il s’agit non seulement d’une première bêta, et pour accélérer le traitement des données, les développeurs doivent aussi exploiter de nouvelles fonctionnalités.
En particulier des mécanismes de rafraichissement en tâche de fond qui font en sorte d’afficher des informations aussi fraîches que possible. Le Dock, une des principales nouveautés de l’interface de watchOS 3.0, prend ainsi des captures d’écran des applications qui y sont installées, de manière automatique et régulièrement. À l’ouverture de l’app, la capture d’écran donne cette impression que les données sont rafraîchies très rapidement.
Ce fameux dock, qui se convoque d’un appui sur le bouton latéral, peut contenir un maximum de dix applications que l’on sélectionnera dans l’app Apple Watch d’iOS 10. Elles se présentent sous la forme de cartes que l’on peut supprimer en les glissant hors de l’écran, d’un geste du doigt. Cette fonction reprend en quelque sorte le flambeau des Coups d’œil, même s’il faudra s’accommoder de la limite des dix apps.
Plus de personnalisation
Aussi étrange que cela puisse paraitre, Apple se montre particulièrement parcimonieuse au niveau des cadrans. Néanmoins, chaque nouvelle version majeure de watchOS apporte quelques petites nouveautés, et la prochaine mouture ne déroge pas à la règle avec les cadrans Minnie, Activité numérique, Activité analogique et Chiffres (Numerals).
Ils n’ont rien de très originaux, Minnie étant évidemment le pendant féminin de Mickey (faudra-t-il attendre watchOS 4.0 pour voir débarquer Donald ?) ; les deux Activités présentent les trois cercles colorés ; Chiffres se contente d’afficher en gros l’index de l’heure. L’Apple Watch permet bien sûr de modifier quelques attributs : police et couleur pour Chiffres, et couleur des vêtements de Minnie. À accorder, bien évidemment, avec le bracelet !
Il est désormais beaucoup plus simple de passer d’un cadran à un autre : il suffit de les glisser du doigt de droite à gauche ou de gauche à droite. À défaut de nous inonder de nouveaux cadrans, Apple propose là un moyen facile de changer de cadran rapidement au gré des humeurs.
La liste des cadrans à défiler est à gérer dans l’application Apple Watch sur l’iPhone (la ligne My Faces). C’est là qu’on pourra changer la position des cadrans, ou les supprimer. S’il reste possible de personnaliser les cadrans depuis la montre (en appuyant fort sur l’écran), l’app iOS compagnon propose une nouveauté avec la section Galerie de cadrans qui ressemble beaucoup aux prémices d’une boutique.
En attendant, cette section permet de découvrir les nouveaux cadrans (espérons que cette partie sera amenée à s’enrichir très vite), ainsi que tous les autres cadrans disponibles, chacun étant présenté avec ses principales variations. Cela donne une bien meilleure idée des possibilités.
La fiche de chaque cadran ne se contente pas de proposer une petite explication ; on peut aussi et surtout le personnaliser, avec le choix de couleurs et les complications (tapotez sur Add pour ajouter le nouveau cadran à votre liste). On peut également tapoter sur un des cadrans My Faces pour pouvoir le modifier à l’envi. La synchronisation avec l’Apple Watch est quasiment immédiate.
Pour tout dire, il aurait peut être été plus judicieux de pouvoir tapoter directement sur l’emplacement d’une complication pour pouvoir en changer. Le système actuel à base de menus et de sous-menus n’est pas forcément très clair. Il se révèle toutefois plus facile et plus ludique de personnaliser son cadran depuis l’iPhone que sur l’Apple Watch. Ces fiches permettent aussi de sélectionner le cadran par défaut.
Pour saluer l’arrivée de Minnie au côté de Mickey, Apple a apporté une petite touche espiègle en faisant parler nos souris préférées. Il suffit de tapoter dessus pour qu’ils disent l’heure du haut de leurs petites voix ! N’oubliez pas d'activer le son de l'Apple Watch dans le centre de contrôle. Certains ont dû redémarrer leur montre pour que cela fonctionne.
Il arrive même parfois que Mickey ou Minnie nous gratifie d’un petit rire amusant, qu’ils poussent aléatoirement. Tendez l’oreille !
Les complications sont évidemment toujours de la partie. Mieux encore, chaque application installée sur l’Apple Watch peut prendre un peu de place sur un cadran, typiquement dans l’espace en haut à gauche ou à droite de la plupart des cadrans. Même si ces "complications" n’affichent aucune information, elles font office de raccourcis vers l’app.
Par ailleurs, Apple autorise maintenant l’installation de complications dans des cadrans qui en étaient auparavant privés, comme Photos, Timelapse, Mouvements (Motion), et X-Large.
Entre le Dock et les raccourcis d’apps à installer sur les cadrans comme des complications, quelle place reste-t-il au nuage d’applications ? Il est pourtant toujours là, bien vaillant, en cliquant sur la couronne digitale. Mais sa place se réduit, au fur et à mesure qu’Apple apporte d’autres moyens d’accéder à ses logiciels favoris. Le concept même d’un lanceur d’applications "classique" pour une montre n’est peut-être pas le plus pertinent, après tout.
Une touche de communication
Avec watchOS 3, les fonctions Digital Touch passent par pertes et profits. Les cercles des contacts favoris, qu’on appelait en appuyant sur le bouton latéral, ne sont plus disponibles nulle part (peut-être reviendront-ils sous la forme d’une app dédiée ?). Les préférences de ces cercles ne sont plus accessibles depuis l’application Apple Watch.
Il en reste toutefois quelques traces, en particulier lorsque l’on reçoit un message. On aura alors la possibilité d’envoyer un message audio ou dicté, un smiley (ils n’ont pas changé), une des réponses suggérées, ou un petit mot griffonné. Scribble, c’est la grosse nouveauté ici, permet de dessiner quelques lettres à même l’écran de l’Apple Watch.
Actuellement, c’est très buggé et la montre risque de redémarrer sauvagement à tout instant ! Les quelques tentatives qui n’ont pas planté ont toutefois montré un très bon niveau de reconnaissance d’écriture — il est vrai que ce n’est pas forcément évident d’écrire clairement sur une si petite surface.
Lors de l’envoi de mots ou de phrases clé (comme « Joyeux anniversaire » par exemple), une petite animation sympathique agrémente l’écran (dans ce cas, des ballons). Les messages manuscrits, une autre nouveauté de Messages sous iOS 10, s’affichent eux aussi sur l’Apple Watch mais mieux vaut avoir de bons yeux (ou se contenter d’un mot ou deux).
Les battements de cœur, les toc-toc et les dessins de Digital Touch sont regroupés dans l’icône de cœur. Ça sent la voie de garage…
De la domotique et des jeux
Les développeurs pourront exploiter le SDK de watchOS 3 pour proposer à leurs utilisateurs des applications HomeKit pour le poignet. Ces derniers pourront ainsi suivre un flux vidéo et des photos provenant d’une caméra domestique, contrôler la caméra (ses réglages, le haut parleur et le micro), et accéder à d’autres fonctions domotiques.
Les amateurs de jeux sur le pouce (ou au poignet) n’ont pas été très bien servis avec l’Apple Watch jusqu’à présent, à l’exception d’une poignée de réussites comme Break this Safe. Les développeurs ont maintenant accès à SpriteKit, une boîte à outils bien connue sous iOS, qui permet de concevoir des jeux avec gestion de la physique, de la lumière, des particules.
Parmi les autres outils mis à la disposition des éditeurs de jeux, Apple leur ouvre aussi SceneKit, Game Center pour la gestion des titres au tour par tour, CloudKit (pour la synchronisation d’une partie entre plusieurs terminaux). Il existe quelques différences entre watchOS et iOS (pour la spatialisation audio 3D, par exemple), mais on devrait assez rapidement pouvoir télécharger des jeux plus consistants pour la montre.
L’Apple Watch au secours
Le bouton latéral, qui ne servait pas à grand chose dans les versions précédentes de watchOS, est beaucoup plus pratique avec cette déclinaison. Un appui court lance le Dock comme on l’a vu plus haut, mais si un appui long permet toujours d’éteindre l’appareil, une autre option fait son apparition : l’affichage de la fiche médicale (à remplir dans l’app Santé d’iOS).
L’option Mode réserve laisse sa place à la fiche médicale. Elle est toujours disponible dans le nouveau Centre de contrôle, que l’on appelle d’un geste du doigt vers le haut (c’était un Coup d’œil auparavant).
Une des fonctions promises par Apple qui n’apparait pas encore dans cette bêta, c’est la possibilité — qui sera elle aussi proposée après un appui long sur le bouton latéral — d’appeler les secours. L’Apple Watch et l’iPhone compagnon sauront quel est le numéro à appeler, même si vous ne le connaissez pas : ces numéros sont déjà connus du smartphone.
Au passage, le Mode réserve n’évolue pas par rapport aux versions précédentes : il se contente d’afficher l’heure en vert sur fond noir. Pour revenir à l’accueil, il faut toujours redémarrer l’Apple Watch en maintenant le bouton latéral jusqu’à l’apparition du logo Apple (là aussi, le démarrage demande beaucoup de patience).
Pour conclure (provisoirement)
Je vais prendre un peu de temps pour les nouvelles fonctions liées aux activités sportives, avec un autre article à venir (à lire à cette adresse). Mais ce qu'on ressent après ces quelques heures passées à utiliser cette première bêta de watchOS 3, c'est une plus grande cohérence dans les fonctions, quitte à en laisser quelques unes sur le bas côté.
Apple « resserre » en quelque sorte l’éventail des possibilités (Digital Touch qui disparait presque, le nuage d’apps en sourdine, et même Force Touch beaucoup moins présent) et porte l’effort sur les points forts de l’appareil : les cadrans, même si on aurait aimé une ouverture vers les développeurs sur ce point, les communications rapides, les fonctions sportives sur lesquelles je reviendrai plus en détail. Surtout, Apple met le paquet sur les performances afin de réduire à néant le principal grief fait à l’Apple Watch.
Durant le Talk Show de John Gruber, Craig Federighi expliquait que lors du développement de l’Apple Watch, Apple en avait gardé sous le pied afin de ne pas grever l’autonomie de la montre. Celle-ci conserve un réservoir de RAM encore bien plein qui va servir à accélérer le lancement des apps et le rafraichissement de leurs informations.
Sans aller jusqu’au reniement du concept de base de l’Apple Watch (un ordinateur au poignet), cette version 3 de watchOS donne le sentiment que les équipes de Kevin Lynch ont écouté les doléances des utilisateurs du produit et fait preuve de pragmatisme : pas la peine d’insister sur les choses qui ne fonctionnent pas ou mal sur un si petit écran, mais mettons le paquet sur les autres fonctions qui méritent d’être améliorées. À la bonne heure !