Surprise : les traqueurs d’activité n’ont toujours pas disparu. Certes, c’est indéniable, ce marché n’a plus le dynamisme ni la diversité d’autrefois. Jawbone est passée par pertes et profits, et depuis son incorporation au groupe Fossil, Misfit multiplie les montres hybrides et connectées. Mais bon an mal an, Fitbit présente deux ou trois nouveautés, et les fabricants chinois deux ou trois cent modèles à bas coût.
Et puis Withings n’a pas dit son dernier mot. Entre les balances « Body » et les montres hybrides « Steel » et « Move », on oublierait presque que le fabricant français fut parmi les pionniers du secteur. Cinq ans après le Pulse, deux ans après le Go, et alors que l’on n’y croyait plus vraiment, voici venir le Pulse HR. L’objectif ? Prouver que les traqueurs d’activité n’ont rien perdu de leur intérêt… et chasser sur les terres du Fitbit Alta HR.
En reprenant le nom de l’illustre Pulse, Withings joue sur la fibre nostalgique d’une partie de sa clientèle, mais la parenté est très lointaine. Le Pulse était un podomètre connecté de poche, que l’on portait au poignet seulement pour dormir. Devenu Pulse O2 puis Pulse Ox, il a certes gagné un bracelet, mais restait amovible. Le Pulse HR n’est rien d’autre qu’une Steel HR débarrassée de ses aiguilles, qui se porte au poignet et uniquement au poignet.
En ce sens, il est plus proche des produits de Fitbit que de ses prédécesseurs. Or Fitbit n’a pas présenté de traqueur qui ne soit pas — seulement — un bracelet depuis 2016 et le Flex 2. Tant pis pour ceux qui aimaient glisser leur traqueur dans la poche, ou bien le clipser à la ceinture ou à la bretelle du soutien-gorge, c’est le sens du marché. Tant mieux pour les autres, cela clarifie sa raison d’être, et donc son design.
Sur ce plan, le Pulse HR est assurément plus abouti que le Pulse, et même que le sympathique Go. Les lignes du « linteau » en polycarbonate se prolongent jusqu’au bracelet en silicone, comme si l’ensemble était formé d’un seul tenant, d’une épaisseur de seulement trois millimètres. Une belle illusion optique, qui ne parvient toutefois à masquer la présence d’un « ventre » en acier 316L, qui renferme les composants et comporte l’unique bouton de l’appareil.
Autre illusion, celle qui laisse à penser que l’écran s’étalerait sur toute la surface du traqueur, à la manière de celui du Pulse original. Las, ce n’est qu’un petit rectangle de quinze millimètres sur onze. Autant dire que la fonction de transmission des notifications est totalement accessoire, puisque vous devrez de toute manière sortir votre téléphone pour vérifier leur contenu.
Si l’écran est minuscule, le Pulse HR mesure plus de quatre centimètres de long. Cela signifie qu’il est moins discret qu’il n’y paraît. Vous avez un poignet plutôt massif ? Même s’il est censé être « adapté aux poignets de 200 mm de circonférence », comme celui de la Steel HR Sport, le bracelet du Pulse HR vous semblera trop court. Vous avez un poignet plutôt fin ? Même si ses extrémités sont articulées, le boîtier du Pulse HR barrera votre bras, et ne tombera jamais naturellement.
Pour autant, le traqueur de Withings n’est pas inconfortable. Son bracelet en silicone est fin et flexible, tout l’inverse du bracelet du Fitbit Alta HR, épais et très rigide. Avec son poids plume de 35 grammes, il finit par faire oublier sa présence. Au point de sauter dans la douche avec (il est heureusement étanche « jusqu’à 50 mètres »), et de complètement négliger sa recharge (il tient « jusqu’à 20 jours en utilisation normale » sur une charge).
Bref, vous ne devriez avoir aucun mal à garder le Pulse HR au poignet. Le jour, il comptera vos pas et mesurera la distance parcourue, d’une manière aussi fiable que les traqueurs concurrents. La nuit, il observera votre sommeil, d’une manière aussi peu fiable que les traqueurs concurrents. Vous voulez savoir combien vous dormez ? Aucun problème. Vous voulez savoir comment vous dormez ? Prudence.
Le Pulse HR fait mieux la différence entre « je lis au lit » et « je dors à poings fermés » que le Sleep, le capteur dédié de Withings, un comble. Les données quantitatives sont fiables : l’endormissement et le réveil, même pour une courte sieste, sont parfaitement observés. Nous sommes plus dubitatifs face aux données qualitatives, qui simplifient la nuit à l’alternance de phases de sommeil léger et de phases de sommeil profond, quand Fitbit tente de distinguer le sommeil paradoxal.
Comme les autres traqueurs, le Pulse HR est incapable de détecter les micro-réveils. Pire, s’il est manipulé avant d’être posé sur une table de chevet, il essaiera… de suivre son sommeil ! Autant dire qu’on est encore très loin de la précision des dispositifs médicaux, qui restent indispensables dans le dépistage d’éventuels troubles du sommeil.
Cela étant dit, Withings minore l’importance de la « profondeur » du sommeil dans le calcul du « score de sommeil », et axe son programme « rituel de sommeil » sur la régularité, un paramètre plus tangible. À la relative imprécision du suivi du sommeil s’oppose la parfaite exactitude du cardiofréquencemètre par photopléthysmographie.
Le Pulse HR mesure le rythme cardiaque ponctuellement au fil de la journée, continuellement pendant les exercices sportifs, sans la moindre intervention de l’utilisateur. Quel changement, quand on a connu la mesure manuelle avec le Pulse original ! Le vieux Pulse était toutefois capable de mesurer la saturation de l’hémoglobine en oxygène par oxymétrie, une fonction absente des appareils Withings récents.
Les données sont envoyées vers l’application Health Mate, ou conservées jusqu’à cinq jours sur la mémoire interne en l’absence de connexion Bluetooth. Le nombre de pas et le suivi du sommeil peuvent être synchronisés avec l’application Santé, mais pas les données relatives au cœur ni les exercices. C’est d’autant plus frustrant, rageant même, que ce sont précisément les points sur lesquels Withings a particulièrement progressé ces dernières années.
Le Pulse HR suit les séances de torture jogging et de natation par lui-même, ainsi qu’une trentaine d’autres activités sportives avec l’aide de l’application Health Mate. Une pression courte sur le bouton de l’appareil permet de défiler entre les différents écrans (date et heure1, nombre de pas, distance parcourue…), tandis qu’une pression prolongée permet d’entrer dans le mode « sélection sport ». On peut alors choisir parmi les activités proposées, puis démarrer l’enregistrement de l’entraînement.
L’application Health Mate permet, par exemple, de retirer la natation et d’ajouter le rugby à la liste. Elle permet aussi d’utiliser la puce GPS du téléphone pour suivre les exercices enregistrés sur le traqueur. Ce « GPS connecté » possède l’intérêt d’être extrêmement précis (merci Apple) sans peser sur la batterie du Pulse HR (au détriment de celle de l’iPhone). Tant mieux : la mesure du rythme cardiaque en continu grève déjà suffisamment l’autonomie.
D’une vingtaine de jours en « utilisation normale », elle tombe à cinq jours avec l’enregistrement de trois entraînements de 90 minutes. Une fois posé sur le petit palet de charge, qui n’est pas réalisée par induction mais par le biais d’une petite broche, le Pulse HR remplira sa batterie en deux bonnes heures. Au final, il s’en sort mieux que l’Alta HR, dont l’autonomie ne dépasse pas sept jours.
Le traqueur de Fitbit conserve un avantage décisif, celui du choix. Vous n’aimez pas le noir ? Withings propose des bracelets optionnels : un gris sale, un rouge qui ne veut pas être rose, un bleu très foncé, et puis c’est tout. Même le bracelet noir original n’est pas disponible à l’unité ! Or il faut absolument utiliser les bracelets de Withings, qui sont conçus à l’envers d’un bracelet traditionnel de montre, la pompe étant fixée sur le traqueur.
Fitbit, elle, propose non seulement plusieurs tailles et couleurs de bracelets, mais aussi plusieurs couleurs de boîtier. Mais l’Alta HR est vendu 149,95 €, 20 € de plus que le Pulse HR, qui vaut le même prix que la Steel, dépourvue d’écran et de cardiofréquencemètre. Vous voulez suivre votre activité sans changer de montre ni dépenser une fortune ? Les traqueurs d’activité n’ont rien perdu de leur intérêt, et la proposition de Withings n’est pas mal placée.
- L’heure peut aussi être affichée en tapant sur l’écran ou en levant le poignet. Du moins théoriquement : en pratique, ni l’une ni l’autre des fonctions n’est particulièrement fiable, si bien que le recours au bouton est souvent nécessaire. ↩︎