Le protocole ANT+ tant apprécié des sportifs connectés va être déclassé cette année à cause d’une directive européenne qui doit entrer en vigueur cet été.
Comme le souligne Nakan.ch, cette norme impose que les équipements radioélectriques soient conçus pour garantir la protection des données à caractère personnel et de la vie privée des utilisateurs. Par conséquent, les fabricants doivent garantir que leurs dispositifs respectent les exigences de sécurité par conception.
Présenté en 2004, le protocole ANT+ possède plusieurs avantages notamment une faible consommation et la capacité d’envoyer des données à plusieurs appareils simultanément. Si le Bluetooth, qui est son concurrent en quelque sort, s’est rapidement imposé dans le domaine de l’audio à cette époque, l’ANT+ a rapidement trouvé refuge dans les appareils sportifs.
Le jumelage d’un appareil à un autre est extrêmement simple. Surtout l’ensemble de vos appareils peuvent échanger des données facilement entre eux. Votre ceinture cardiaque peut ainsi envoyer des données à votre montre connectée et à votre ordinateur de bureau.
Pratique, le protocole ANT+ ne brille pas par sa sécurité. C’est presque contraire à sa philosophie. La légende veut que les équipes cyclistes s’espionnaient lors des grands tours en récupérant les informations produites par les capteurs de puissance des concurrents.
Certains ont pu espérer (naïvement ?) qu’Apple ajoute ce protocole à l’Apple Watch Ultra. Le souci, c’est que ce protocole appartient à Garmin. Ce qui signifie que chaque entreprise désireuse de l’utiliser dans ses produits doit verser une obole à Garmin.
Garmin aurait très bien pu faire évoluer son protocole pour répondre à la directive de l'Union européenne, mais il ne l’a pas fait. Est-ce parce que le Bluetooth s’est également imposé petit à petit sur ces appareils ? Ou est-ce que cette couche de sécurité est contraire à la philosophie de son protocole ? Quoi qu’il en soit, Garmin a annoncé cesser son programme de certification à compter du 30 juin.
Précisons que vos appareils continueront à fonctionner avec ce protocole passé cette date. Il manquera à l’appel des nouveaux appareils commercialisés passé cette date. Dans la majorité des cas, le remplacement par le Bluetooth ne devrait pas poser de problème, sauf dans certains cas, comme le support des capteurs de puissance cyclistes ou les protocoles pour les radars cyclistes, où les profils sont plus complets en ANT+.
Garmin semble voir toutefois ce changement comme une opportunité. Elle a commercialisé à l’occasion du CES une nouvelle ceinture cardiaque la Garmin HRM 200. Tout d’abord, on se réjouira qu’il soit enfin possible de détacher le capteur de la sangle sur ce modèle. Si ce modèle continue à prendre en charge l’ANT+, la nouveauté vient du fait que cette ceinture dispose d’un bouton permettant de s’authentifier de manière sécurisée en Bluetooth.
À l’image de la généralisation de l’USB-C imposée par l’Union Européenne ces derniers mois, on devrait donc voir arriver cette année une palanquée de nouveaux appareils dans le domaine du sport pour répondre au cahier des charges de Bruxelles. Reste une question : est-il si important de sécuriser tout cela ?