Les applications de traçage des contacts ne sont pas les seules solutions numériques qui s’offrent aux États pour casser la chaîne de transmission du COVID-19. Ludovic Le Moan, le patron de Sigfox, a fait valoir une alternative : le bracelet connecté à un réseau bas débit.
La proposition n’est pas complètement innocente : Sigfox est à la tête d’un réseau bas débit UNB (ultra narrow band) très économe, qui émet sur la bande de fréquence 868 MHz en Europe. Ce réseau longue portée, utilisé notamment dans la nébuleuse de l’internet des objets (IoT) peut être mis à profit pour des bracelets d’alerte. L’entreprise a réalisé un prototype et le gouvernement n’est manifestement pas opposé à cette solution.
« On n’ignore pas qu’une partie de la population ne possède pas de smartphones, et qu’il faudra peut-être un autre dispositif, d’où la conception d’un module pour l’internet des objets », nous a expliqué Éric Bothorel, député LREM très impliqué dans le développement de l’app StopCovid. Ludovic Le Moan fait valoir son alternative française face à une « solution de facilité qui fournira encore plus d’informations à Apple et Google qui savent déjà tout de notre vie privée », explique-t-il à RTL.
Le patron de Sigfox assure que les données recueillies par ses bracelets appartiendront à l’État ou aux autorités sanitaires, et qu’une fois le bracelet enlevé, c’en sera terminé du traçage. « Alors que le téléphone restera dans notre poche après la crise », prévient-il. Ce type de bracelet est déjà utilisé en Corée du Sud et à Hong Kong pour les voyageurs venant de l’étranger. Les personnes âgées en Italie pourraient aussi être amenées à porter un tel dispositif.
Entre le fait que tout le monde ne possède pas forcément de smartphone et les problèmes techniques liés au Bluetooth, les apps ne sont donc pas la panacée. On verra si la France saisira l’opportunité proposée par Apple et Google d’exploiter leur API commune dans StopCovid, mais il y a au moins un pays qui a décidé de suspendre l’utilisation des technologies de traçage les plus intrusives.
Une commission du parlement israélien a en effet établi que la plus-value de cette technologie — dérivée d’outils de lutte contre le terrorisme — n’était pas évidente quand on lui opposait les questions de respect de la vie privée. La police estime au contraire que l’outil est efficace, les informations de localisation ayant permis d’arrêter plus de 200 personnes qui ne respectaient pas le confinement.
Visiblement, Israël est allé beaucoup plus loin que d’autres pays dans le traçage de ses citoyens. La technologie en question permettait en effet aux autorités de suivre en temps réel les personnes contaminées et les contacts qu’elles ont pu avoir avec d’autres. Israël continue d’utiliser d’autres systèmes de traçage plus équilibrés.