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Test du Vivosmart 3 de Garmin

Mickaël Bazoge

mardi 27 février 2018 à 20:30 • 15

Matériel

Les sportifs ont l'embarras du choix au moment de se décider sur le traqueur d'activité qui les suivra dans leurs folles aventures physiques. Garmin tient une place singulière sur ce marché, ne serait-ce que par la riche sélection de produits en tout genre de ce spécialiste du GPS, en quête de diversification. Exemple avec le Vivosmart 3.

Garmin a à son actif un catalogue conséquent de montres connectées et, surtout, de traqueurs d'activité. Il y en a pour tous les goûts et tous les prix, mais le modèle qui a attiré notre attention bénéficie d'une fonction que l'on trouve assez peu sur le marché : le Vivosmart 3 sait compter les répétitions lors des exercices de musculation. Mais avant de suer, faisons les présentations.

Le Vivosmart 3 au poignet

Soyons franc, le design n'est pas la plus grande qualité du Vivosmart 3. Le bracelet est assez quelconque, personne ne se retournera sur son porteur dans la rue, peut-être que lui-même l'oubliera complètement. Le produit cultive une certaine discrétion. L'affichage sur l'écran monochrome n'est pas spécialement bien défini (64 x 128), et ce dernier est entouré d'une solide gaine de plastique et de silicone.

Le bracelet en tant que tel est du genre à attraper rapidement la poussière et il est impossible d'en changer. Par contre il s'ajuste plutôt bien au poignet avec ses nombreux trous et la boucle en métal se montre efficace pour maintenir un traqueur ne pesant que 21 grammes.

Le Vivosmart 3 n'étant pas une montre connectée, il ne faut pas s'attendre à des fonctions particulièrement élaborées dans ce domaine. Le traqueur affiche l'heure en soulevant le poignet comme l'Apple Watch, sauf qu'il est parfois un peu fainéant : le geste doit vraiment être ample ou brusque pour que l'écran s'éveille.

Le cardiofréquencemètre à l'arrière, avec au-dessus les quatre contacts pour la recharge de la batterie.

On peut néanmoins désactiver cette fonction de mouvement du poignet : auquel cas, il faut tapoter deux fois sur l'écran pour sortir le bracelet de son sommeil. Il est parfois dur d'oreille, alors il ne faut pas hésiter à y aller franco sur l'écran. L'application propose une poignée de cadrans pour personnaliser l'affichage de l'heure, malheureusement entre une basse définition et de faibles dimensions pour l’écran, ils sont assez peu inspirés.

Huit cadrans, pas un de plus.

Le bracelet sait aussi afficher les notifications, mais ce tout petit écran ne sera pas d'une très grande aide pour connaitre le contenu des alertes. En bonus, l'appareil intègre un lecteur musical permettant de contrôler les morceaux de l'iPhone. L'ergonomie de l'interface laisse quelque peu à désirer : l'écran tactile n'est pas spécialement réactif et on se demande parfois s'il a bien compris ce qu'on voulait de lui.

Le vibreur est l'occasion de saluer le travail incroyable réalisé par les équipes d'Apple dans ce domaine. Les moteurs taptiques de l'Apple Watch et de l'iPhone, la finesse de leurs réactions et leurs différentes variations sont sans commune mesure face à la sécheresse du Vivosmart 3 : une seule et unique vibration, aussi lourde à ressentir qu'à écouter (impossible de louper le « brrr » très sonore qui accompagne chaque notification).

Ce problème de vibreur n'est pas unique à Garmin. En fait, tous les constructeurs de traqueurs et de montres connectées auraient tout intérêt à suivre Apple dans cette voie plutôt que de continuer à négliger cet aspect. Le vibreur est un élément certes discret, mais finalement très important de tout appareil à porter au poignet : c'est par ce biais que l'objet communique physiquement avec l'utilisateur. On se lasse vite de ne recevoir que des grosses vibrations sans nuance.

Ça gratte

Alors que je n'y suis habituellement pas sensible, le bracelet a provoqué chez moi de petites rougeurs au niveau de la boucle. Pas vraiment des démangeaisons spectaculaires comme certains ont pu en être victimes avec d'autres produits, mais une envie de gratter pas très agréable.

Tout le monde ne sera pas sujet à ce problème, mais pour ce qui me concerne c'est un tue-l'amour pour ce produit que j'étais disposé à beaucoup apprécier malgré ses défauts. Pour une seule et très bonne raison : le comptage des répétitions à la salle de muscu.

Le carnet de muscu au panier

Les rats de salles de muscu aux gros bras ont l'habitude d’avoir avec eux un petit carnet (ou une app) dans lequel ils notent leurs efforts. Le Vivosmart 3 est l’un des très rares représentants du marché à savoir compter les répétitions (un mouvement de lever d’haltères). De fait, ce bracelet fait une bonne partie du travail et ce, de manière plutôt efficace.

On ignore la recette de Garmin mais force est de constater que le comptage des répétitions est précis, le bracelet s'est rarement trompé durant mes séances d'haltères. Une vraie bonne surprise donc, qui se double de l'identification automatique de l'exercice dans l'application qui sait reconnaitre un développé couché, un écarté couché, un curl, etc. Là aussi, la précision est au rendez-vous et cela fait gagner un temps fou.

Pour fûté qu'il soit, le Vivosmart ne peut pas tout faire. Après enregistrement de la séance de muscu, il faudra préciser le poids des haltères utilisés pour chaque exercice (l'édition par lots est disponible).

On aimerait aussi pouvoir créer ses propres entraînements avec une automatisation de l'exercice : on pourrait par exemple lancer une série de trois développés couché de 15 répétitions chacun, entrecoupés d'une minute de repos. L'application permet certes de créer des entraînements personnalisés, mais… le Vivosmart 3 n'est pas compatible avec cette fonction ! Pour le moment, tout doit donc se faire « à la main » en lançant les périodes de repos depuis le bracelet et en surveillant le minuteur.

Un peu de repos entre deux reps.

Le Vivosmart 3 est aussi un traqueur d'activité classique, qui s'acquitte tout à fait à fait honorablement de sa tâche. La fonction Move IQ sait ainsi lancer automatiquement les exercices de course et de marche en détectant les mouvements de l'utilisateur. Les activités de nage, de vélo et de vélo elliptique sont elles aussi mesurées de manière complète, mais il faut lancer l'activité depuis le traqueur. Le bracelet est étanche pour tous ceux qui aiment porter des slips moulants.

L’accessoire, qui intègre un cardiofréquencemètre, mesure également la variabilité de la fréquence cardiaque — en d'autres termes, il sait jauger le stress de l'utilisateur. L'information est présente en tout temps sur l'écran de l'appareil (sur l'exemple ci-dessous, tout va bien, ouf), ainsi que dans l'application bien sûr.

L'application peut prévenir en cas de repos insuffisant. Ménagez votre corps !

Le sommeil est lui aussi observé, pour peu bien sûr qu'on dorme avec le bidule (tout le monde n'apprécie pas de s'encombrer d'un bracelet la nuit). Il n'y a rien de spécial à faire, si ce n'est indiquer dans l'app les heures normales de sommeil et de réveil. Le bracelet est cependant suffisamment malin pour déterminer de lui-même lorsqu’on tombe dans les bras de Morphée et quand on s'extirpe de la couette.

Comme d'habitude avec ce type de fonction, l'utilisateur est bombardé d'informations et de graphiques qui ne répondent pas à la seule question qui vaille : comment améliorer la qualité de son sommeil ? L'application explique les différents types de sommeil, mais il ne donne pas de conseils personnalisés, si ce n'est que « la plupart des adultes devraient dormir 8 heures par nuit ». Bon.

Une application qui fait suer

Voilà qui nous amène tout naturellement à évoquer l'application compagnon. Garmin Connect se présente comme une plateforme au complet pour gérer le Vivosmart 3 (et tous les autres produits connectés du constructeur) et présenter les données récoltées durant les activités mesurées par le bracelet.

La page d'accueil de l'app.

Ma journée affiche de manière synthétique les différentes données : les exercices sportifs mais aussi toutes les informations recueillies automatiquement (nombre de pas, minutes intensives, niveau de stress, calories brûlées, etc.). Ce n'est pas mal fait, et il est possible de réduire le nombre d'informations affichées à l'écran. Par défaut, c'est un système de cartes qui évoquent celles de l'app Santé d'Apple.

Les cartes des activités auxquelles on a assigné des objectifs quotidiens (nombre de pas, étages montés…) présentent une coche indiquant si le défi a été réussi.

L'onglet Calendrier pour retrouver l'ensemble des activités réalisées tel ou tel jour.

L'application a deux défauts : d'une part, elle n'est pas spécialement jolie ni très ergonomique. Certes, il y a un effort indéniable sur les graphiques qui sont bien colorés et informatifs. La page d'accueil Ma journée en elle-même n'est pas spécialement vilaine. Mais dès qu'on commence à fouiller un peu on tombe rapidement sur des listes interminables d'options dans tous les sens, on se perd rapidement dans les méandres des menus.

Sans oublier, parfois, un aspect un peu « feuille de calcul » pour le design qui ne donne pas très envie d'en savoir plus. Pourtant cela peut déboucher sur d'heureuses surprises, comme des graphiques qui pourraient s'avérer intéressants… si on pouvait mettre facilement le doigt dessus.

L'onglet Flux d'actualités liste toutes les activités une à une, ce qui peut faire un peu doublon avec le Calendrier.

Garmin n'est pas le seul éditeur à rencontrer des difficultés pour présenter et hiérarchiser les informations de son application sportive. Apple fait à peine mieux avec son app Santé, même si des efforts ont été accomplis pour la rendre plus conviviale (lire : À fond la forme avec l'application Santé).

L'autre souci de Garmin Connect, c'est que l'application est vite perdue en absence d'une connexion cellulaire ou Wi-Fi. Même si les données sont présentes dans le traqueur et que le Bluetooth est activé sur l'iPhone, il est impossible de les rapatrier dans l'app. C'est très pénible quand on se trouve dans un coin avec une mauvaise réception, ce qui peut encore arriver de nos jours.

Dans le même ordre d'idée, l'accès aux données n'est pas immédiat (à part la page d'accueil) : l'opération nécessite toujours quelques instants de chargement, le temps de rapatrier les données stockées en ligne. On a en fait l'impression un peu pénible d'être devant un site web pas très bien encapsulé dans une application. Garmin a certainement les moyens de faire mieux et plus efficace.

Garmin complète cette application par un site web qui reprend toutes les données enregistrées dans l'app mobile. Pour consulter et analyser des informations, cela peut être tout aussi efficace — voire plus — que sur le petit écran de l'iPhone.

Une autonomie qui manque un peu de souffle

Les traqueurs d'activité ont généralement un argument de poids à opposer aux montres connectées : une autonomie qui tient la route. Les écrans de ces bracelets sont moins gourmands, et leurs fonctions plus resserrées. Le Vivosmart 3 ne m'a pas spécialement ébloui dans ce domaine ; la meilleure perf' a été de quatre jours, pour ce qui me concerne. Garmin annonçant un maximum de cinq jours.

Le chargeur format « pince ».

Quatre jours, ce n'est pas si mal en sachant que je reçois pas mal de notifications et que je n'ai pas ménagé l'appareil pendant les tests, avec des exercices fréquents et plus d'opérations de synchronisation avec l'app qu'il n'était sans doute nécessaire. Mais c'est moins que les 7 jours annoncés par un concurrent assez proche, l'Alta HR de Fitbit, ou encore les 8 jours du Loop 2 de Polar.

La recharge de la batterie passe par une sorte de pince USB dans laquelle le bracelet est enfiché. C'est original certes, mais cela fait aussi un peu gadget. Heureusement, on n'a pas à s'en servir à tout bout de champ ! Par ailleurs, je n'ai trouvé nulle part (peut-être ai-je mal regardé ?) d'indicateur de batterie sur le traqueur ou dans l'app, si ce n'est sur un cadran présentant une petite jauge de batterie. Aucune indication de pourcentage, exception faite quand la batterie atteint les 10% (on reçoit alors une notification prévenant qu'il faut recharger la batterie).

Pour conclure

Le Vivosmart 3 a un argument de poids : il sait compter les répétitions pour ceux qui aiment soulever des haltères. C'est une fonction rare pour un traqueur d'activité, qui comblera d'aise tous ceux qui n'en peuvent plus de se trimballer avec un support papier ou d’avoir à remplir l'app dans la salle de muscu.

Tout n'est pas complètement automatisé, il faut lancer les temps de repos manuellement et bien sûr indiquer a posteriori le poids des haltères. Mais une bonne partie du travail est déjà accomplie par le bracelet, ce d'autant qu'il parvient à identifier presque à coup sûr le type d'exercice.

Si l’on n'est pas adepte de la fonte, ce produit n'a pas grand chose pour se distinguer d'une concurrence féroce : design assez banal, interface sans originalité, ergonomie un peu difficile, autonomie moyenne. L'application de Garmin n'est pas non plus un modèle du genre.

Ce bracelet n'est pas un mauvais bougre en soi, ce d'autant que son prix — 119,99 € — le positionne finalement assez bien face aux bracelets à écran de Fitbit ou de Polar. Mais les quelques atouts du Vivosmart 3 ont du mal à faire pencher la balance de son côté.

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