Le Studio3 de Beats est le dernier casque Bluetooth en date conçu par Apple et équipé de la puce W1. Créée spécialement pour les AirPods, elle simplifie le processus d’appairage, assure une meilleure connexion et accroît l'autonomie.
Le Studio3 concurrence directement le QC35 de Bose, leader sur ce marché : ce sont tous les deux des casques circum-auraux fermés et équipés d’un module d’isolation active. Mais le Studio3 a donc en plus cette puce W1 très pratique. Sur le papier, c’est le casque Bluetooth idéal pour les possesseurs de produits Apple qui cherchent un modèle sur ce segment.
Est-ce aussi le cas en pratique ? C’est ce que nous allons voir !
Un design solide et passe-partout
Connue à une époque pour ses designs très voyants et ses couleurs vives, Beats s’est beaucoup assagie ces dernières années. À tel point que le Studio3 en noir mat que j’ai utilisé ces dernières semaines peut être qualifié de passe-partout. Impossible de savoir que c’est un Beats de loin, sauf à chercher spécifiquement le logo sur les côtés, mais même lui est en noir sur noir.
Ce n’est pas forcément un défaut et le constructeur propose des variantes nettement plus visibles si c’est ce que vous cherchez. À mes yeux, cette discrétion est un avantage. Contrairement à la majorité des casques Bluetooth, le Studio3 n’affiche pas une myriade de boutons et de LED de toutes les couleurs.
Les contrôles sont les mêmes sur tous les casques Beats et ils sont, à mon avis, parfaits. Le constructeur n’a pas cédé à la mode des contrôles tactiles qui ne sont pas toujours pratiques et encore moins souvent fiables. À la place, on a trois boutons physiques, astucieusement cachés dans l’écouteur gauche : le logo au milieu sert de bouton de lecture et pause et deux boutons dissimulés au-dessus et en dessous servent à contrôler le volume. C’est exactement la même disposition que les télécommandes que l’on retrouve sur les écouteurs et casques filaires.
Côté indicateurs, une LED blanche et discrète reste allumée à gauche quand le casque est allumé et une série de LED sur la droite servent à afficher l’état de la batterie au moment où on allume le casque. On peut aussi avoir l’état à tout moment en appuyant une fois sur le bouton d’allumage et les LED restent actives pendant la recharge. Si la batterie est faible, une seule LED rouge est affichée.
Tout ce dispositif n’est pas nouveau et il n’est pas spécifique au Studio3, mais il faut bien reconnaître que c’est une excellente disposition. Sur ce point, Beats a tout bon et on apprécie aussi le câble avec télécommande inclus dans la boîte. Dans les contextes où la connexion Bluetooth n’est pas disponible, on peut ainsi utiliser le casque normalement, avec tous les contrôles. Trop de concurrents se contentent d’un câble nu, sans contrôle, ce qui nuit à l’utilisation sans Bluetooth.
Tout n’est pas parfait pour autant sur le plan ergonomique avec le Studio3. Commençons malgré tout par le positif : c’est un grand casque, qui s’adaptera sans problème à toutes les morphologies, y compris les plus gros crânes. L’arceau est capable de s’étendre largement dans ce cadre et le casque devrait ainsi être parfaitement compatible pour tout le monde. Dommage, par contre, d’avoir utilisé une sorte de silicone dur sur la partie en contact avec le haut de la tête. Ce n’est pas agréable, il faudra faire attention aux cheveux arrachés si vous en avez de longs et on aurait aimé un petit peu plus de souplesse à ce niveau.
C’est par ailleurs un petit casque circum-aural au niveau des oreilles. Le principe de ce format est que les coussinets de chaque côté sont censés entourer les oreilles sans les toucher, au contraire des modèles supra-sural qui sont plus petits et viennent sur les oreilles. Les coussinets du Studio3 sont très larges, à tel point que l’espace intérieur est trop petit pour ne pas toucher, voire recouvrir, la majorité des oreilles.
Est-ce que vous serez gêné par ce choix ? Pas forcément, mais à la rédaction, trois personnes sur les quatre qui ont essayé le casque l’ont trouvé trop petit pour leurs oreilles et donc inconfortable à la longue. C’est tout le problème : en appuyant sur l’oreille, le Studio3 a tendance à fatiguer plus vite qu’un QC35 de Bose, par exemple, avec une ouverture plus large.
Pour autant, le confort du Studio3 n’est pas mauvais à mon avis. En la matière, il est difficile de tirer des généralités, mais j’ai assez bien supporté le casque pendant des journées entières de travail, même si les casques de Bose ou encore le DT770 Pro de Beyerdynamic que j’utilise au quotidien au bureau sont bien plus confortables. La différence ne tient pas seulement à la taille de l’ouverture pour les oreilles, mais aussi la pression appliquée par chaque écouteur qui est très importante sur ce modèle.
En attendant, il est temps d’évoquer l’un des plus gros défauts de ce casque : la prise micro-USB pour sa recharge. C’était le standard pendant de longues années, mais je ne comprends pas comment Beats l’utilise encore, surtout sur ce produit taillé pour l’écosystème Apple avec la puce W1. Le Lightning aurait été plus approprié, mais on peut comprendre que le constructeur entende rester sur un marché plus large et s’adresser aussi aux utilisateurs d’Android. Mais alors pourquoi ne pas utiliser l’USB-C en passe d’être le nouveau standard ?
Beats est totalement incohérent en la matière et c’est franchement pénible. La plupart de ses produits se rechargent en micro-USB, mais pas les écouteurs BeatsX qui utilisent du Lightning (lire : Test des BeatsX). En l’état, il faut garder un câble de plus pour charger le casque… pénible.
À propos de recharge, notons toutefois un point positif : dix minutes de charge suffisent pour trois heures d’utilisation environ. Ajoutez à cela une autonomie excellente — une vingtaine d’heures en Bluetooth et isolation active, le double uniquement en Bluetooth — et vous n’aurez pas à charger trop fréquemment le Studio3. Pendant mes essais, j’ai tenu facilement trois à quatre jours en les utilisant sur mes trajets quotidiens (une heure par jour) et aussi au bureau (trois ou quatre heures d’utilisation en moyenne).
Pure ANC, l’isolation (trop) active
Le Studio3 est un casque Beats et cela s’entend. La question de la qualité sonore est hautement subjective et vous devriez toujours tester vous-même un casque pour décider s’il vous convient ou non. Mais certaines marques ont une signature sonore très typique et marquée et c’est bien le cas de Beats. À une époque, le constructeur accentuait les basses de manière caricaturale, au point d’étouffer le reste. Au fil des années et notamment depuis son acquisition par Apple, cette caricature a été calmée.
Comme le Solo3 avant lui (lire : Test du Beats Solo3 Wireless avec la puce W1 d’Apple), le Studio3 renforce les basses et il sera plus à son aise avec des musiques « urbaines » qu’avec du classique. Les fréquences aiguës sont moins mises en avant que les basses, l’ensemble n’est pas équilibré et encore moins neutre, mais je ne trouve pas ça forcément désagréable. En écoute de podcast, les voix sont bien mises en avant. Pour la musique, à vous de voir si vous tolérez la signature musicale du constructeur, mais les morceaux ne sont pas totalement écrasés par les basses.
Cela étant dit, il y a un gros problème avec le Studio3 et c’est sa fonction phare, l’isolation active. Si vous ne connaissez pas cette technologie, rappelons qu’elle consiste à éliminer une partie des bruits extérieurs en les enregistrant et en diffusant un son inversé. Cette technologie a été exploitée en premier par Bose et le constructeur reste la référence en la matière et son modèle le plus récent, le QC35 sorti courant 2016, est ce qui se fait de mieux (lire : Test du casque Bluetooth QuietComfort 35 de Bose).
Le Studio3 intègre cette fonction et sur le papier, il devait faire mieux que la concurrence. Beats parle de « Pure ANC » pour qualifier son innovation qui consiste, en gros, à ajuster en temps réel l’isolation active en fonction de l’environnement. De quoi renforcer l’isolation dans un environnement très bruyant, ou au contraire la diminuer dans certains cadres où elle est contre-productive.
Le cas le plus courant, c’est le vent : les casques à isolation active ont beaucoup de mal à gérer les situations avec du vent, ou bien si vous utilisez un ventilateur. Dans ce cadre, l’annulation du bruit peut en fait créer plus de bruit parasite que si le casque était totalement passif. Pour essayer de contrebalancer cet effet négatif, Beats analyse en permanence l’environnement et, s’il détecte du vent par exemple, baisse automatiquement l’isolation active.
Ça, c’est la théorie. En pratique, j’ai noté que le niveau d’isolation variait au fil du temps, mais pas de manière pertinente. Trop souvent, l’isolation active baissait brutalement alors que j’étais dans une rue très passante, avec des voitures partout. Résultat, pendant quelques dizaines de secondes, le Studio3 cessait de m’isoler et je devais monter le son… pour le baisser à nouveau un petit peu plus tard, quand l’isolation active reprenait.
Ces variations continues sont plus gênantes qu’autre chose et elles ne règlent même pas les problèmes que le Pure ANC devait éliminer. Par exemple, le bruit parasite créé par le vent est toujours bien présent, même quand le casque détecte correctement sa présence. J’ai fait des essais avec un ventilateur et en effet, l’isolation change après quelques secondes, mais pas au point d’éliminer le défaut. Chez Bose, le niveau faible d’isolation du QC35 annule totalement les sons parasites, ce qui n’est pas le cas du Studio3.
Pour ne rien arranger, l’isolation active de Beats introduit un souffle permanent bien plus important que sur les modèles de la concurrence. Même mon antique QC15, un casque sorti en 2009, fait encore mieux que le Studio3 ! Le souffle est si présent qu’il est gênant dans un environnement calme, quand on écoute de la musique également calme.
Fort heureusement, l’isolation active peut être coupée rapidement en appuyant deux fois sur le bouton de démarrage. Mais on perd alors l’un des arguments de vente du casque et encore une fois, la concurrence fait bien mieux à ce niveau de prix. À plusieurs reprises, je me suis surpris en marchant dans la rue à vérifier que l’isolation active était bien active en appuyant deux fois sur le bouton pour écouter la différence. Ce n’est pas un très bon signe… même si l’isolation passive est meilleure que la moyenne.
Vous cherchez des arguments en faveur du Studio3 ? Ce n’est pas dans son comportement comme kit mains-libres que vous en trouverez. Le casque permet de passer et de répondre aux appels, naturellement. Le bouton principal sert à répondre et à raccrocher, ce qui est très bien. Signalons aussi qu’une pression longue sur ce même bouton active Siri sur un appareil iOS, ce qui est parfait.
En revanche, la qualité pendant les appels est très médiocre et j’irais jusqu’à dire indigne pour un casque vendu 350 €. Avec l’appareil sur les oreilles, j’entendais très bien mon correspondant, mais en revanche lui ne m’entendait pas très bien. Après avoir inversé les rôles, j’ai pu moi-même constater le problème : le son est étouffé et distant, comme les (mauvais) kits mains-libres des voitures.
Sans parler du QC35, irréprochable sur ce point, les AirPods d’Apple font bien mieux, alors pourquoi pas le Studio3 ? Mieux vaut utiliser l’iPhone directement à l’oreille si vous voulez que votre correspondant vous entende bien, ce qui n’est pas une solution acceptable.
Pour conclure : heureusement qu’il y a le W1
J’étais plutôt enthousiaste quand Beats a annoncé son Studio3 et j’avais hâte de tester ce modèle. Un casque circum-aural fermé et avec isolation active, c’est exactement la catégorie que je préfère, et avec l’ajout de W1, ce devait être l’alliance parfaite. Hélas, on en est loin.
La puce W1 reste le plus gros argument en faveur du casque. La connexion simplifiée au départ est un confort indéniable, mais on apprécie surtout le fait que le casque soit automatiquement appairé à tous les appareils iOS, watchOS, tvOS et macOS connectés au même compte iCloud. Et puis la connexion Bluetooth est effectivement impeccable : je n’ai jamais eu de micro-coupures pendant mes essais, que ce soit avec mon iPhone, un iPad ou même mon hackintosh qui n’est même pas équipé d’une puce Bluetooth choisie par Apple.
En comparaison, le QC35 souffre de quelques coupures intermittentes de temps en temps dans le même contexte, ce qui est agaçant. Il faut bien reconnaître qu’Apple a fait un excellent travail sur ce point, même si j’aurais apprécié une transition plus transparente pour passer d’un appareil à l’autre. Contrairement à ce que fait Bose, où le casque est en permanence connecté à deux appareils, il faut choisir manuellement de se connecter à un iPhone, une Apple Watch ou un Mac. C’est une étape facile à faire, mais le W1 pourrait encore la simplifier.
Tout ceci est très bien, mais le Studio3 n’est pas totalement convaincant sur ses fonctions principales. La qualité audio est affaire de goût. En revanche, l’isolation active de bruit n’est pas à la hauteur, tout simplement. Elle isole moins bien tout en laissant un souffle permanent bien audible et surtout, elle s’adapte en permanence et se désactive souvent quand ce n’est pas souhaitable.
Ajoutez à cela la qualité déplorable du microphone pendant les appels, le choix du micro-USB pour la recharge ou encore l’ouverture des écouteurs trop limitée pour les grandes oreilles et vous aurez un bilan très moyen. Si le Studio3 était compétitif sur le plan financier, je pourrais le recommander, car ce n’est pas une catastrophe non plus. C’est un casque élégant et bien construit et ses contrôles sont parfaits.
Néanmoins, à 350 € il n’est pas très loin du QC35 de Bose ou du MDR-1000X de Sony qui a aussi excellente réputation. Si vous cherchez absolument un casque à isolation active et équipé de la puce W1, alors le Studio3 est effectivement votre seule option. Ce n’est pas un mauvais casque, mais la concurrence propose mieux, que ce soit en matière de qualité audio ou d’isolation active, quasiment au même tarif.