Pebble était un des pionniers sur le marché des montres connectées, mais sa position sur un marché difficile ne lui a pas permis de poursuivre l’aventure. Son acquisition par Fitbit y met en effet un point final, alors que le précurseur avait encore quelques tours dans son sac.
En 2012, un produit faisait sensation sur Kickstarter. La start-up Pebble était parvenue à lever 10 millions de dollars — un record — pour cette montre qui venait enfin remplir quelques-unes des promesses de connectivité et de polyvalence que font miroiter les films d’anticipation.
La suite, on la connait : alors que Pebble sortait de nouveaux modèles et tentait de créer une plateforme au complet, les gros poissons se lancent à l’assaut… avec des moyens sans commune mesure avec ceux du petit Poucet du marché. De fait, Pebble n’est pas parvenu à se créer une place d’envergure dans le secteur, se contentant de l’affection d’une petite communauté.
La Pebble 2, lancée comme il se doit sur Kickstarter, est le modèle qui succède très directement à la toute première génération de 2012. Si elle marque son époque comme sa prédécesseure, c’est pour des raisons très différentes : c’est en effet le tout dernier produit jamais lancé par le constructeur.
Autour du poignet
Dans la Pebble 2, il y a zéro prétention horlogère. Certes, cette génération s’affine et se fait plus discrète au poignet ; on perd le côté « montre calculatrice de geek » que l’on pouvait ressentir avec la Pebble première du nom, mais ce n’est pas non plus une très belle montre. Au mieux, elle ne se fait pas remarquer, ce qui n’est déjà pas si mal. Si vous cherchez un produit-bijou ou un moyen d’affirmer une position sociale, ce n’est pas du côté de la Pebble 2 qu’il faut se tourner.
On retrouve sur la montre tout ce qui fait le charme bien physique de la Pebble. L’écran, toujours LCD et monochrome, n’est pas tactile ; les trois boutons sur la tranche de droite permettent de naviguer dans la Timeline, l’interface de Pebble OS ; sur la tranche gauche, le bouton de retour est bien pratique pour revenir en arrière.
On a peut-être pris l’habitude des écrans tactiles avec l’Apple Watch et les montres Android Wear, mais l’intérêt des boutons physiques ne se dément pas : pour contrôler sa montre en aveugle, il est souvent plus agréable et plus efficace d’en passer par des boutons… même si on a parfois la tentation d’appuyer sur l’écran de la Pebble.
Les boutons de la Pebble Steel offrent un “clic” satisfaisant grâce à leur conception en aluminium. Ce n’est pas le cas pour ceux de la Pebble 2 dont la coque en plastique contribue à faire de cette montre un produit d’aspect cheap.
Au dos de la Pebble 2, on retrouve les quatre points de contact typiques du système de recharge et de communication mis au point par le constructeur (le chargeur, fourni, est donc propriétaire). En dessous prend place la principale nouveauté de cette génération, le cardiofréquencemètre — une première sur une montre de Pebble, et ce qui en constituait son principal attrait, avec le prix.
Continuons le tour du propriétaire en évoquant le bracelet, qui est sans aucun doute l’aspect le plus décevant du produit : le silicone employé est un redoutable attrape-poussières qui se salit en un rien de temps. On est très, très loin du fluoroélastomère des bracelets Sport de l’Apple Watch mais encore une fois, il paraissait difficile d’obtenir quelque chose de mieux à ce prix (le bracelet d’Apple coûte près de la moitié du prix de la Pebble 2…).
Fort heureusement, il est possible de remplacer ce bracelet par un autre de 22 mm — la Pebble 2 conserve le système de retrait facile à base de bouton poussoir. C’est moins simple que pour l’Apple Watch évidemment, mais le choix de bracelets tiers est bien plus important que pour la montre d’Apple, et on en trouve à tous les prix.
Une montre avec du cœur
La première des fonctions d’une montre, c’est… d’afficher l’heure. Cela parait idiot, mais cela ne va pas encore de soi sur l’Apple Watch, dont l’écran demeure éteint la plupart du temps et qu’il faut bouger pour qu’il sorte de veille. On comprend qu’il soit indispensable d’épargner la batterie autant que possible ; mais en l’état, Pebble fait mieux puisque l’écran de sa montre est toujours allumé.
Pas besoin d’attendre pour connaitre l’heure, l’information est toujours présente à l’écran et ce, sans impact sur l’autonomie, qui est une autre des grandes satisfactions des montres Pebble. L’écran LCD monochrome de la Pebble 2 n’est pas l’E-Ink des liseuses Kindle, mais cette technologie offre une épatante autonomie qui peut aller jusqu’à 7 jours, et même plus avec un usage modéré. On perd très vite le réflexe de la recharge quotidienne…
La Pebble 2, comme toutes les autres montres du constructeur, exploite évidemment l’excellente interface Timeline affichant toutes sortes d’informations de manière chronologique ; ces données s’enrichissent par le biais d’applications à télécharger depuis la boutique de Pebble. Il y a là de quoi se tenir au courant des tribulations de la Ligue 1 (ou de n’importe quel autre championnat de foot), l’actualité la plus fraîche, les dernières infos sur ses séries TV préférées…
On obtiendra plus d’information sur une épingle de la Timeline en appuyant sur le bouton central.
La boutique Pebble, accessible depuis l’application iOS, n’est peut-être pas aussi fournie ni aussi joliment présentée que celle de l’Apple Watch. On y trouve néanmoins largement de quoi améliorer les fonctions de la Pebble 2, sans oublier l’invraisemblable variété de cadrans de plus ou moins bon goût que l’on peut se mettre sous les yeux.
Tout dans le physique
Depuis ces derniers mois, Pebble concentrait son attention sur les fonctions de suivi de l’activité physique. L’ajout d’un cardiofréquencemètre dans la Pebble 2 ne faisait que confirmer l’intérêt du fabricant pour le fitness. C’est d’ailleurs le premier onglet de l’application iOS.
L’utilisateur retrouve dans la section Bien-Être les mesures de son activité physique, du rythme cardiaque et de son sommeil. Chaque mesure est présentée sous la forme d’une carte qui compile les données jusqu’à 31 jours (mais on peut naviguer plus loin encore dans le temps). En plus des graphiques, on y trouve également la distance parcourue, les calories brûlées, le temps actif, mais aussi le pouls et les moyennes des heures de sommeil léger et profond.
Il n’est pas utile de lancer une activité : la montre l’identifie sans rien demander. C’est efficace lors d’une promenade et même lors d’un jogging, même si dans ce dernier cas on préférera démarrer « à la main » la course pour obtenir une parfaite mesure de l’effort. À noter : la Pebble se contente de proposer trois activités physiques, Marche, Course, et le très générique Exercice pour tout le reste. L’app Exercice de watchOS est bien plus complète.
Cette détection automatique de l’activité est particulièrement utile pour la mesure de la qualité du sommeil. Avant de s’endormir, on oublie bien souvent d’activer cette fonction, ici c’est la Pebble qui s’occupe de tout sans action particulière de l’utilisateur. Et c’est assez efficace dans le cadre d’un suivi journalier de ses heures de sommeil.
À cela s’ajoute les fonctions d’alarme classique et « en douceur », qui va réveiller le porteur dans les trente minutes d’une heure choisie. Le design de la montre et son épaisseur réduite permettent d’envisager plus facilement de dormir avec, alors que l’Apple Watch est un peu plus volumineuse et susceptible « d’accrocher » dans les draps.
La Pebble 2 est étanche jusqu’à 30 mètres, ce qui en fait un compagnon fort pratique pour les adeptes de la natation, en particulier avec le renfort du cardiofréquencemètre. Enfin, la montre est un bon citoyen d’iOS : les données mesurées par l’appareil sont partagées avec tous les autres services connectés à l’app Santé.
Pour conclure définitivement
En tant que montre, la Pebble 2 n’impressionne personne. Digne successeur de l’encombrante Pebble première génération, elle n’est pas spécialement jolie. Cela n’a jamais été le point fort du constructeur, à part peut-être pour les modèles Round, et encore, ça peut se discuter.
En revanche, la Pebble 2 avait clairement toute sa place sur le marché des traqueurs d’activité. Son prix fixé à 129,95 € la positionnait idéalement face aux bracelets milieu de gamme (de Fitbit ?), avec en plus l’avantage d’un écosystème ouvert offrant de grandes possibilités de personnalisation et d’améliorations.
Hélas, la Pebble 2 ne sera jamais en vente, c’est tout juste si les internautes ayant financé la production de la montre sur Kickstarter ont reçu leurs exemplaires. En achetant Pebble, Fitbit ne fait pas dans la demi-mesure en stoppant complètement la commercialisation des produits du fabricant.
Il faut maintenant espérer que la plateforme de Pebble et les concepts introduits par le défunt constructeur — on songe notamment à la judicieuse timeline — auront un avenir au sein des prochains produits de Fitbit.