Les montres connectées n’ont pas (encore) eu la peau des traqueurs d’activité. Au contraire : ils ne se sont jamais aussi bien porté. Alors que Misfit s’est vendue à Fossil et que Jawbone multiplie les faux pas, Fitbit et Withings ont imposé leur rythme au marché.
L’Américaine s’adresse aux sportifs sérieux avec le Surge et le Blaze, tandis que la Française joue la carte de l’élégance avec l’Activité et l’Activité Pop. Ce faisant, elles ont abandonné un énorme pan du marché à des sociétés multipliant les modèles à bas coût, voire très bas coût.
Le Go n’est pas une réponse directe aux traqueurs chinois à 15 €, mais à 70 €, le nouveau traqueur de Withings s’attaque à un marché très relevé. Il a toutefois un argument en sa faveur : au lieu de se contenter de diodes et d’indicateurs, il possède un véritable écran. Est-ce que cela fait la différence ? La réponse dans notre test.
Comme le Jawbone Up Move et le Misfit Shine 2 qu’il concurrence, le Withings Go prend la forme d’un petit galet — mais un galet à écran plutôt qu’à diodes. Ce n’est certes pas un écran tactile, mais sa zone centrale fait office de bouton. Ce n’est même pas un écran en couleurs, mais puisqu’il utilise de l’« encre électronique », il est parfaitement lisible en toutes conditions.
Mesurant à peine plus de 3,5 cm de diamètre et pesant à peine plus de huit grammes, le Go se fait vite oublier. Il est donc fourni avec une pince : on risquera moins de l’égarer après l’avoir fixé au revers d’une poche ou à la doublure d’un sac. Il est aussi fourni avec un bracelet : on risquera encore moins de l’égarer en l’ayant au poignet.
Le Go peut passer de l’un à l’autre au gré des envies… mais ces envies passeront rapidement. Le traqueur ne s’extrait que difficilement de ces accessoires, par l’avant dans un cas, par l’arrière dans l’autre, allez savoir pourquoi. Il faudra ensuite veiller à reporter le changement dans l’application Withings, sans quoi les données seront faussées.
Mais gardons-le au poignet : c’est comme cela que Withings le présente, et c’est encore là où il semble le mieux. Pas besoin d’appuyer sur un bouton ou de lever le poignet d’une manière bien précise, le suivi d’activité n’est qu’à un coup d’œil. Le Go est un traqueur d’activité, et cela se voit de manière claire et forte.
L’effet est aussi sensible qu’il est difficile à expliquer : on se prend à savoir que l’on a marché 5 000 pas sans même s’être rendu compte que l’on a jeté un coup d’œil à l’écran. Sur ce point, le Go est encore plus efficace que l’Activité, dont l’aiguille n’est pas toujours bien visible. Il n’est certes pas aussi élégant qu’un Shine, mais il est bien plus immédiat.
Et il est tout aussi précis que n’importe quel autre traqueur. Son intérêt s’étiole cependant à mesure que l’on s’éloigne de la marche et de la course, bien que l’application de Withings prenne maintenant en charge de nombreuses activités. Fixé à une chaussette par exemple, il permettra de consigner une sortie à vélo, mais pas de l’analyser en détail.
Seule la natation est spécifiquement prise en charge — or on se jettera plus facilement à l’eau avec un traqueur à 70 € étanche à 50 mètres qu’avec une montre connectée à 400 € qui n’est pas officiellement waterproof. Ladite étanchéité est assurée par un joint scellant parfaitement le compartiment de la pile.
La pile, justement, est censée assurer huit mois d’autonomie. Withings ayant toujours été très optimiste en la matière, on tablera plutôt sur cinq ou six mois, un délai encore assez long pour oublier de changer la pile. L’application devrait cependant prévenir suffisamment tôt pour que vous ayez le temps d’en commander une nouvelle avant de tomber en panne.
Si vous portez le Go au poignet, il ne vous faudra pas huit mois pour vous demander comment y afficher l’heure. Il suffit d’appuyer fermement au centre de l’écran — lorsque vous penserez être à deux doigts de la casser, il « cliquera » comme un bouton, et l’heure s’affichera. Pour disparaître quelques secondes plus tard.
Withings ne permet malheureusement pas de l’afficher en permanence, sans doute pour ne pas grever l’autonomie en rafraîchissant l’écran soixante fois par heure. Reste que la société aurait pu travailler sur d’autres formes d’affichage de l’heure, voire sur des affichages combinant l’activité et l’heure. En l’état, l’écran peine à justifier son existence.
Il affiche l’activité… et après ? Pourquoi ne pas pousser l’utilisateur à accélérer la cadence s’il est encore loin de son objectif à la fin de la journée ? Pourquoi afficher une jauge d’activité vide en pleine nuit, plutôt qu’un symbole qui inviterait à aller se recoucher s’il est encore trop tôt pour aller démarrer la cafetière ?
Parce que le Go n’a pas été conçu pour ça. En l’étudiant de près, on comprend que son écran est divisé en trois zones distinctes : une à l’extérieur comportant soixante segments, une à l’intérieur comportant douze segments, et enfin un disque central. Il se comporte moins comme un écran de liseuse électronique que comme un afficheur sept segments de calculatrice.
Cela n’explique pas que le bouton ne serve à rien d’autre qu’afficher l’heure : un double clic pourrait tout à fait permettre de (dés)activer manuellement le suivi de sommeil. On éviterait ainsi les petites imprécisions liées à la détection de coucher et de lever, ce qui rendrait le Go parfaitement fiable en la matière.
Bref : l’idée était prometteuse, l’exécution est moins convaincante qu’elle n’aurait pu l’être. Le Go n’aura aucun mal à trouver sa place au sein de la gamme de Withings, surtout si le vieux Pulse est définitivement abandonné. Mais dans un marché très concurrentiel, il semble pris entre des modèles plus capables sans être beaucoup plus chers, et des modèles moins chers sans être beaucoup moins capables.
C’est pourtant un bon petit traqueur, qui remplacera avantageusement un Pulse, dont on ne regrettera pas le cardiofréquencemètre imprécis, ou viendra seconder efficacement une Activité, sous l’eau ou sous la couette par exemple. Reste à espérer que Withings enfoncera le clou par des mises à jour logicielles : l’écran ne demande qu’à s’exprimer, même dans son cadre matériel très contraint.