On aurait pu apprendre, à la fin du printemps, qu’Apple avait acheté Leap Motion… mais le deal a capoté quelques jours seulement avant la signature finale, raconte Business Insider. La personnalité excentrique des deux cofondateurs, Michael Buckwald et David Holz, ne serait pas pour rien dans cet échec.
Leap Motion possède une centaine de brevets liés de près ou de loin aux réalités augmentée et virtuelle, et à l’interprétation des mouvements dans l’espace. Cette entreprise n’est pas une inconnue : on lui doit en effet un boîtier qui permettait de contrôler un ordinateur sans le toucher (lire : Aperçu du Leap Motion : le futur de l’informatique, avec des courbatures). Plus tard, la société s’est lancée dans les casques de réalité virtuelle.
Apple, qui a plus qu’un pied dans toutes ces technologies, souhaitait mettre à profit la matière grise des employés de Leap Motion pour ses propres produits. Ne parle-t-on pas d’une paire de lunettes ou d’un casque de réalité augmentée griffés Apple ? Difficile de savoir ce qui n’a pas marché dans cette acquisition avortée. Le créateur de l’iPhone proposait de 30 à 50 millions de dollars pour empocher Leap Motion, une somme qui n’a peut-être pas fait les affaires des proprios colorés de l’entreprise.
Apple avait tenté une première approche en vue d’acquérir Leap Motion. C’était en 2013 ; les deux cofondateurs ont rencontré des représentants de la Pomme pour discuter d’un éventuel achat. Mais David Holz ne portait pas le constructeur de Cupertino dans son cœur, c’est le moins qu’on puisse dire.
D’après les sources citées par Business Insider, le directeur financier de Leap Motion aurait affirmé que les technologies développées par Apple étaient « pourries », avant de chanter les louanges d’Android. « Je n’irais jamais travailler pour ces mecs, ils sont le diable », aurait aussi déclaré Holz.
Malgré tout, Apple a poursuivi ses tentatives de rapprochement avec Leap Motion. Fin 2013, la start-up était valorisée au-delà des 300 millions de dollars, mais ses deux fondateurs estimaient que leur entreprise valait au moins un milliard — ce qui en aurait fait une « licorne » dans le jargon des analystes financiers.
Mais voilà, l’argent collecté auprès des investisseurs a surtout servi à financer un train de vie dispendieux : des locaux situés dans un quartier chic de San Francisco, des meubles hors de prix… Sans oublier les rémunérations très élevées des ingénieurs. En 2017, Leap Motion a réalisé un nouveau tour de table consistant en un versement de 25 millions de dollars en cash, puis d’un autre du même montant mais soumis à la réalisation d’objectifs.
Au début de cette année, il s’est révélé que la société avait échoué à décrocher les objectifs assignés par les investisseurs. Tout cela aurait pu ne pas avoir de conséquences, mais les ventes des produits développés par la jeune pousse sont décevantes et en tout cas insuffisantes pour maintenir l’entreprise à flot.
Le constructeur cherche depuis quelques mois à faire des économies. Le « hub » de développement technologique de l’entreprise a déménagé dans des locaux mieux adaptés à ses moyens financiers, et des employés sont partis. Leap Motion cherche toujours à signer des accords avec des entreprises « stratégiques », mais on ne sait pas si Apple est toujours intéressée.