À l’occasion de la WWDC, Apple et Pixar ont présenté USDZ, un nouveau format d’échange de fichiers 3D et AR. Basé sur les technologies de Pixar, conçu pour les besoins d’Apple, il promet de faciliter le partage de ressources 3D destinées à la réalité augmentée.
Tel qu’il est défini par Pixar, USDZ n’est rien d'autre qu’une archive sans compression ni chiffrement, contenant des fichiers USD et toutes leurs ressources graphiques associées. Vous ne voyez pas l’intérêt ? C’est normal : vous n’avez probablement jamais entendu parler du format de fichier USD.
USD, pour Universal Scene Description ou « description universelle de scène », a été conçu pour les besoins du système d’animation de Pixar. Chaque plan de Toy Story était décrit par un fichier linéaire, explique Pixar, une approche simple mais rigide. En mettant au point le système d’animation Marionette pour réaliser 1001 pattes, les développeurs de Pixar ont commencé à réfléchir à un format de fichier plus flexible.
Ce rêve n’est pas devenu réalité avant la conception d’un nouveau système d’animation pour la réalisation de Rebelle, Presto, et celle d’un nouveau format de fichier, USD. USD résout les problèmes opérationnels spécifiques à la réalisation d’un film d’animation par des centaines de personnes : différents artistes peuvent travailler sur différentes couches du même fichier, qui contient l’historique de toutes les modifications, et permet de gérer les éventuels conflits.
Surtout, il permet de regrouper toutes les données nécessaires à la composition d’une scène 3D. Pixar voit quatre avantages dans l’utilisation du format USD :
- la standardisation de schémas pour l’échange de données de géométrie, de shading, ou de déformation ;
- l’amélioration des performances pour la lecture et la génération de données, dont l’instanciation géométrique ;
- la possibilité d’intégrer des variantes du contenu ;
- l’utilisation d’une architecture flexible qui pourra être adaptée.
Reste qu’il faut utiliser des centaines de fichiers USD pour décrire la complexité d’un projet. Voilà qui justifie l’existence du format USDZ : après s’être penchés sur le problème de l’édition, les développeurs de Pixar veulent résoudre le problème de la consultation d’un projet. USDZ est conçu comme un format commun et portable, « optimisé pour le partage » dit Apple.
Un fichier USDZ se présente ainsi comme une archive, que l’on peut consulter sans décompression, et qui contient l’ensemble des ressources nécessaires à la génération d’une scène 3D. L’idée est simple : les applications de création 3D seront capables d’exporter une scène dans un fichier USDZ, que l’on pourra ensuite envoyer par Mail, consulter avec Coup d’œil, ou même intégrer dans une application.
USDZ a été créé par Pixar, mais Apple a contribué à la réflexion, elle qui veut faciliter la création de contenus pour la réalité augmentée. À cet effet, USDZ est proposé à tous, de manière ouverte. Autodesk et Stetchfab ont d’ores et déjà annoncé qu’ils prendraient rapidement en charge ce format, et Adobe compte non seulement l’intégrer à la Creative Suite, mais même concevoir une application iOS — Aero — autour d’USDZ.
Apple montre bien sûr l’exemple : iOS 12 et macOS Mojave, mais aussi Safari, sont capables de lire les fichiers USDZ. La firme de Cupertino propose notamment que les boutiques en ligne créent des modèles 3D de leurs produits, que l’on pourrait consulter en 3D dans Safari comme l’on pouvait autrefois consulter des fichiers QuickTime VR, et même projeter dans l’espace en taille réelle avec ARKit.
En somme, USDZ montre les ambitions d’Apple en matière de développement de la réalité augmentée. Comme HEIF a permis d’« augmenter » les photos, USDZ permettra d’« augmenter » les scènes 3D. Votre iPhone prend des Live Photos et des portraits, c’est-à-dire des photos accompagnées de données, dont la vie ne fait que commencer à la prise de vue. Votre iPhone fera bientôt la même chose avec les fichiers 3D, dont la gestion sera considérablement simplifiée.