L’an passé, Tissot avait annoncé son intention d’entrer sur le marché des montres connectées, mais n’avait aucun produit à montrer. Cette année, la filiale du groupe Swatch n’est pas venue les mains vides : elle présente sa première montre connectée, la Tissot Smart-Touch.
Comme son nom l’indique, la Smart-Touch dérive de la T-Touch, plus précisément de la T-Touch Expert Solar. « Le monde connecté n’est pas complètement nouveau pour nous », explique un représentant de la marque, en citant notamment la collaboration entre Tissot et Microsoft au milieu des années 2000. « Mais nous restons des horlogers », dit-il en faisant écho à son patron François Thiébaud : la présence d’éléments traditionnels comme les aiguilles est impérative pour Tissot.
D’ailleurs, la firme du Locle ne présente pas la Smart-Touch comme une montre connectée, mais comme une montre dont les fonctions peuvent être « augmentées » par la connexion à un smartphone. Des fonctions qui sont celles de la gamme T-Touch, que l’on convoque toujours en appuyant sur le bouton principal puis en touchant la glace en saphir. Mais leur fonctionnement est simplifié par l’application Tissot : le relevé de la position GPS du téléphone accélère considérablement l’étalonnage de l’altimètre, par exemple.
Leur fonctionnement est aussi étendu : la météo ne se contente plus du baromètre intégré, mais peut récupérer les données des stations météo environnantes. L’application Tissot gère plusieurs fuseaux horaires, et peut régler la montre instantanément. Mais c’est encore dans les fonctions de navigation que la Smart-Touch se distingue le mieux : ce n’est plus une simple boussole, mais un véritable assistant de navigation.
En ville, d’abord — après avoir programmé un itinéraire dans l’application, les aiguilles indiquent quand tourner à gauche ou à droite, et la montre sonne lors de l’arrivée à destination. En balade, aussi — montre et téléphone communiquent pour guider l’utilisateur et enregistrer ses déplacements. En montagne, pourquoi pas — le téléphone « sème » des points de repère que la montre peut retrouver si l’on veut revenir sur ses pas ou si l’on est perdu.
Le téléphone tombe en panne de batterie ? La Smart-Touch donne toujours l’heure, et les fonctions T-Touch continuent de fonctionner comme elles le font depuis des années. La batterie intégrée assure jusqu'à un an d'autonomie, et les cellules photovoltaïques n’obligent pas à trouver un câble pour la recharger. « Nous avons beaucoup travaillé sur l’économie d’énergie », explique un chef produit, « si la montre ne bouge pas entre 22 h et minuit, par exemple, on peut en déduire qu’elle n’est pas portée, et donc on la passe en mode veille. »
Difficile de distinguer la Smart-Touch et la T-Touch Expert Solar au premier coup d’œil ou sur le poignet. Sa présence est assurément imposante et masculine, mais elle sait se faire oublier grâce à sa boîte en titane très légère, cette fois rehaussée d’une lunette en céramique. Nous avons déjà vu deux variations, l’une sur un bracelet cuir et l’autre sur un bracelet silicone, mais Tissot en prévoit bien d’autres.
Surtout, la Smart-Touch n’est qu’un premier pas : « une fois qu’on a mis le doigt dans l’engrenage du connecté, il faut maintenir les modèles, et puis pas seulement maintenir, mais développer de nouvelles fonctions… » Le paiement sans contact semble tout indiqué, d’autant que le groupe Swatch en est aux avant-postes, mais les obstacles commerciaux et législatifs sont encore vifs. « Ce n’est pas un problème technique », assure-t-on chez Tissot, « mais ce n’est pas encore à l’ordre du jour. »
Ce qui n’est pas non plus à l’ordre du jour, c’est la commercialisation de la Smart-Touch. Le temps de l’horlogerie n’est pas celui de l’informatique, aussi faudra-t-il attendre « la fin de l’année » pour la voir arriver en Suisse, le début de l’année prochaine « pour l’Europe et/ou les États-Unis », et le prochain Baselworld pour le reste du monde. Mais promis, juré, craché, assurent les cadres de Tissot, ce sont des dates fermes, pas un écran de fumée qui masque les (in)capacités de production.
Il semble en tous cas que l’application soit dans un état très avancé — mieux, elle montre que Tissot a appris des erreurs de ses concurrents, dont les apps sont rarement des modèles d’usabilité. Au-delà de la montre elle-même, la firme du Locle doit aussi achever le développement de ses objets compagnons : un porte-clef, qui fait office de « laisse Bluetooth », et une station météo maison, qui contient un capteur de composés volatils. Les deux objets seront fournis avec la montre pour un prix encore indéterminé, mais qui devrait être similaire à celui des T-Touch les plus luxueuses, c’est-à-dire plus de 1 000 €.