Le Vision Pro est un concentré de technologies : un appareil incroyablement sophistiqué tournant à l’aide de deux puces et d’une grosse dizaine de capteurs, aux mécaniques bien plus complexes qu’aucun produit Apple vu jusqu’à présent. Après avoir décortiqué les différents scénarios d’utilisation du casque, voyons ensemble exactement ce qui se cache dans les entrailles du premier ordinateur spatial d’Apple.
Le Vision Pro embarque pas moins de 12 caméras : 6 orientées vers l’extérieur pour le suivi des gestes, 2 se chargeant de filmer l’environnement et 4 pour le suivi des yeux. À l’avant se trouve un capteur LiDAR pour cartographier la pièce, une caméra TrueDepth notamment utilisée pour les Persona, un capteur de lumière et un autre de scintillement pour les pièces équipées d’éclairages artificiels ayant tendance à clignoter très rapidement. On peut ajouter à cela 6 microphones ainsi que 4 unités de mesure inertielle, des technologies que l’on retrouve dans les drones utilisés pour calculer la position et la vitesse de l’appareil dans l’espace à l’aide de gyromètres et d’accéléromètres.
Les deux maîtres d’orchestres sont la puce M2 ainsi qu’une nouvelle venue baptisée R1. Celle-ci a pour objectif de gérer toute la partie « spatiale » du casque : elle s’occupe des calculs concernant le suivi de la tête, des yeux, des mains, de la voix ou encore de la cartographie 3D de l’environnement. Ses performances ne sont pas connues précisément, mais Apple explique qu’elle dispose d'une bande passante mémoire de 256 Go/s. Les rumeurs voudraient que la puce embarque une mémoire sur mesure créée par le groupe sud-coréen SK hynix. Cette DRAM offrirait un bus à 256 bits (plutôt que 128 bits en général) pour une capacité évaluée à 1 Go. Il semble que celle-ci soit agencée en chiplets, c’est-à-dire avec de petits composants séparés. C’est une première pour Apple.
La puce Apple R1 pourrait employer des chiplets, une première
La puce R1 se trouve aux côtés d’un SoC M2 plus classique que l’on a déjà vu passer dans les iPad Pro et dans les récents MacBook Air haut de gamme. Il embarque 8 cœurs CPU (4 performants, 4 efficaces), 10 cœurs GPU et 16 Go de RAM. On y trouve également un moteur neuronal de 16 cœurs. La puce est gravée à 5 nm et fabriquée par le fondeur TSMC. Côté connectivité, on peut compter sur du Wi-Fi 6 (pas 6E, étonnamment) ainsi que sur du Bluetooth 5.3.
Afin de tester les performances plus en détail, j’ai installé les versions iPad de plusieurs logiciels de bench. Pour la partie CPU de Geekbench 6, le Vision Pro obtient un score de 2 434 en simple cœur et de 7 974 en multicœurs. En face, le duo iPad/MacBook Air M2 tourne plutôt au-dessus des 2 500 pour le premier test, et dans les 9 600 pour le second. Impossible de tester la partie GPU, l’application n’étant pas optimisée et plantant en cours de manœuvre.
Au vu de ces résultats, on pourrait se dire que le Vision Pro est légèrement moins puissant que ses cousins. Il ne faut cependant pas oublier que le test a été réalisé à partir d’une app iPad alors que je portais le casque, ce qui implique qu’il devait également suivre différents éléments. J’ai lancé Geekbench dans un environnement 3D sans aucune autre app en cours, mais le Vision Pro scannait tout de même mon salon, mes mains, mes yeux, s’occupait des effets de l’espace 3D… Bien qu’une partie des tâches soit déléguée à la puce R1, ces résultats inférieurs ne sont pas vraiment étonnants.
Si une fraction de la puissance de la puce M2 semble nécessaire au bon fonctionnement de l’appareil, les performances restent bien au-dessus des autres casques VR du marché. La puce dédiée pour Android la plus avancée est la Snapdragon XR2 Gen 2, qui obtient 692 points en single-core et 1 676 en multi-core. Le Vision Pro atteint un score de 1 982 620 points sur Antutu, un chiffre similaire à celui de notre iPad Pro M2 (1 823 985 points). En face, le Quest 3 affiche 786 218 points selon un test de GSMArena. La comparaison a ses limites : on parle d’un système différent pour des appareils n’ayant rien à voir niveau prix ou utilisation.
Sans même parler de benchmarks, le Vision Pro reste un casque qu’il est bien difficile de prendre en défaut. L’appareil vous laisse placer autant de fenêtres et d’apps que vous le souhaitez, et semble pouvoir tout encaisser. Sur mes presque quinze jours de tests, je n’ai jamais été dérangé par le bruit des ventilateurs ou remarqué de soucis de chauffe. On sent que le casque souffle un peu lorsque l'on affiche beaucoup d'éléments et l'aération peut se faire entendre, mais il faut forcer.
J’ai essayé de pousser le casque dans ses derniers retranchements en ouvrant une grosse dizaine d’apps en simultané, le lot comportant différents jeux. Si le Vision Pro n’a pas planté, l’environnement VR est devenu sombre et les ventilateurs se sont soudainement fait remarquer. Les apps restaient fluides, et le tout fonctionnait comme d’habitude avec les caméras activées. On attendra de voir comment la puce M2 gérera les grosses apps de productivité si elles arrivent un jour, mais en l’état et dans une utilisation normale, les performances ne devraient pas vous limiter.