Un grand éclat de rire. C’était ainsi que Steve Ballmer avait accueilli l’iPhone en 2007, se moquant d’un téléphone sans clavier coûtant pas moins de 500 $. Dix sept ans plus tard, Mark Zuckerberg se montre beaucoup plus sérieux quand il s’agit de se défendre face à Apple.
« J’ai finalement essayé le Vision Pro. Avant cela, je m’attendais à ce que le Quest 3 représente un meilleur rapport qualité-prix pour la plupart des gens parce qu’il est super et sept fois moins cher. Mais après avoir utilisé [le Vision Pro], je pense que le Quest n’a pas seulement le meilleur rapport qualité-prix, c’est tout simplement le meilleur produit », déclare le CEO de Meta dans une vidéo publiée sur Instagram.
Mark Zuckerberg s’attache alors à démontrer point par point pourquoi le Quest 3, vendu 500 $, est meilleur que le casque d’Apple à 3 500 $. Le Vision Pro a un passthrough d’excellente qualité et peut faire flotter des fenêtres dans l’environnement réel ? C’est aussi le cas du Quest 3, indique Zuck, qui en veut pour preuve cette vidéo réalisée avec son propre casque. Il est vrai que le dernier casque de Meta a embrassé la réalité mixte, mais d’après notre expérience, il y a bel et bien une différence majeure de qualité et de simplicité en faveur du Vision Pro dans ce domaine.
Le CEO de Meta essaye ensuite d’appuyer là où ça fait mal, en affirmant que le Quest 3 est plus confortable car il est plus léger et qu’il n’a pas de câble. Si ce sont deux arguments incontestables sur le papier, le confort reste une question largement personnelle qui dépend aussi d’autres éléments (bandeau, fatigue visuelle, chaleur…).
« L’écran d’Apple a bien une grande définition, et c’est super », est forcé de reconnaitre Mark Zuckerberg, sachant que le Quest 3 affiche 2 064 x 2 208 pixels par œil quand le Vision Pro en affiche 3 660 x 3 200. Mais il contrebalance immédiatement cela par d’autres caractéristiques techniques en faveur de son produit, comme l’angle de vision supérieur, ainsi que les « compromis » qu’Apple a dû faire pour intégrer ces écrans, sans citer lesquels précisément.
À propos du mode d’interaction, le CEO souligne que le Vision Pro n’est pas le seul à être contrôlable avec des gestes de la main, on peut faire de même avec le Quest 3. Il va même plus loin en affirmant que son suivi des mains est plus précis, ce qui reste à démontrer. Reste qu’Apple est une nouvelle source d’inspiration : la dernière mise à jour des Quest reprend des gestes de pincement utilisés sur le Vision Pro.
« Le suivi des yeux d’Apple est vraiment bien, poursuit Mark Zuckerberg. On avait ces capteurs sur le Quest Pro, on les a retirés sur le Quest 3, on va les remettre dans le futur. » Il reconnait ensuite que l’interface utilisateur de visionOS est agréable dans l’ensemble, mais éreinte aussitôt le clavier virtuel qui n’est pas pratique à utiliser — ce n’est pas mieux sur le Quest 3.
Aucune critique en revanche sur l'EyeSight du Vision Pro, alors que cela aurait été facile, cet écran externe ne remportant pas l'adhésion du public ni des utilisateurs. Est-ce à dire que Meta prépare quelque chose de similaire pour un futur casque ?
« Beaucoup de gens ont imaginé que le Vision Pro serait de meilleure qualité parce que c’est Apple et qu’il coûte 3 000 $ de plus. Mais honnêtement je suis étonné par le fait que le Quest est vraiment meilleur pour la grande majorité des choses en tenant compte de cette différence de prix », résume le CEO, qui n’a pas poussé l’exercice jusqu’à s’afficher avec un Vision Pro sur la tête.
Le résultat de ce comparatif était connu d’avance, Mark Zuckerberg défend logiquement son bifteck face à l’ogre Apple. Cette vidéo montre néanmoins à quel point le Vision Pro influence le Quest : d’un casque de réalité virtuel utilisable avec des contrôleurs, il devient un casque de réalité mixte manipulable avec des gestes.
Mark Zuckerberg aurait pu s’arrêter là et il aurait défendu correctement son produit face à celui d’Apple (tout en sachant pertinemment que ses arguments ne seront pas entendus par les « fanboys »), mais il conclut sa démonstration avec un argumentaire discutable :
Chaque génération informatique a un modèle ouvert et un modèle fermé. Oui, dans le mobile, le modèle fermé d’Apple a gagné. Mais ça ne se passe pas toujours comme ça. Si on revient à l’ère du PC, c’est le modèle ouvert de Microsoft qui a gagné. Et dans cette prochaine génération, Meta sera le modèle ouvert et je veux vraiment faire en sorte que le modèle ouvert l’emporte.
Sur le marché du mobile, Zuck oublie un peu vite que c’est Android, que l’on peut qualifier de modèle ouvert, qui domine. Il ne démontre pas non plus en quoi son entreprise serait plus ouverte qu’Apple dans le domaine de l’informatique spatiale.
Pour reprendre la comparaison avec Microsoft à l’ère du PC (ou Android à l’ère du mobile), Meta ne fournit pas de licence de son système d’exploitation ni de ses technologies à d’autres fabricants pour qu’ils créent facilement leurs propres casques. Et si la commission de 30 % prise par Apple pour figurer dans l’App Store est décriée par une partie des développeurs, Meta ne fait pas mieux en prélevant jusqu’à 47,5 % des achats réalisés dans son métavers.
On peut mettre au crédit de Meta une option qui fait la différence en matière d’ouverture : le sideloading. Il s’agit toutefois d’une fonctionnalité qui ne parle qu’aux utilisateurs avancés. Si Mark Zuckerberg croit sincèrement qu’il s’agit d’une nouvelle bataille entre modèle ouvert et modèle fermé, il va devoir ouvrir beaucoup plus grande la porte de son Quest pour être convaincant.
Test du Meta Quest 3 : en quête de sens