« Nos produits devraient avoir de longs cycles de vie », disait Alexander Schmiedt, en convoquant le temps long de l’horlogerie pour faire la leçon aux fabricants de montres connectées. À l’époque, le directeur de la division horlogère de Montblanc voulait croire en la pertinence d’un module électronique attaché au bracelet d’une montre mécanique. Deux ans plus tard, il présente pourtant une montre connectée, la Montblanc Summit.
Montblanc n’est certes pas la première manufacture suisse à investir ce marché : le groupe Swatch a fait connaitre son intention de proposer une montre connectée « Swiss Made », MMT et Soprod propose toute une gamme de mouvements connectés, et Tag Heuer vient déjà de présenter la deuxième génération de sa Carrera connectée. Mais là où Tag Heuer joue crânement la carte du « bijou de technologie », et met l’accent sur l’apparence et la personnalisation, Montblanc fait preuve d’une timidité qui confine à l’ennui.
Pas que la Summit manque totalement d’intérêt : son boitier est imposant, à 46 mm de diamètre et 12,5 mm d’épaisseur, mais reprend les lignes élégantes de la collection 1858, elle-même inspirée des modèles historiques de Minerva. Montblanc le décline en quatre finitions (acier satiné, titane satiné, acier PVD noir, acier naturel avec lunette PVD noir), sur huit bracelets (caoutchouc fini façon nylon noir, bleu, rouge ou vert ; cuir de veau noir, bleu marine ou marron ; alligator).
Une puce Qualcomm Snapdragon Wear 2100 est chargée de faire tourner Android Wear 2.0, qui s’affiche sur un écran AMOLED parfaitement circulaire. Elle possède le jeu habituel de capteurs ainsi qu’un cardiofréquencemètre, mais ni puce NFC ni haut-parleur, et son encombrement n’est pas justifié par une batterie lui assurant plus d’une journée d’autonomie.
Montblanc avait beau jeu de critiquer l’Apple Watch du haut de sa montagne : elle propose finalement une montre quelconque, quoique raffinée, et ne se fait pas force de proposition. La couronne n’est qu’un bouton, alors qu’Apple l’a transformé en molette de contrôle, et la lunette est fixe, alors que plusieurs fabricants s’en servent habilement de roue codeuse. Si ! Mettez 15 000 € sur la table, et Montblanc réalisera un cadran virtuel d’après vos spécifications.
Voilà qui explique sans doute pourquoi la filiale du groupe Richemont décrit la Summit comme une « seconde montre » pour amateur de belles tocantes. Une seconde montre qui sera vendue à partir de 890 € et du mois de mai, d’abord chez quelques détaillants triés sur le volet, ensuite dans les boutiques Montblanc, puis chez les revendeurs autorisés.